Inventeur : Martin BURGER & Barry DAVIS

Martin BURGER

BURGER était un enfant de la communauté Cree, qui vivait au bord du fleuve Mackenzie dans les Territoires du Nord-Ouest canadien. Il avait appris des chamans – sorciers – et d’autres, combien il est important de vivre en harmonie avec la nature. Il n’oubliera jamais les années traumatisantes de 1963 et 1964, lorsque le gouvernement fédéral construisit le premier barrage sur la Peace River, dont les eaux rejoignent le fleuve Mackenzie. Le niveau de l’eau avait baissé dans le fleuve.

Mais ce n’était pas la seule chose à avoir changé, la qualité subtile de l’eau avait également diminué. « Les aînés étaient désespérés. Ils disaient que ‘la lumière avait changé avec le fleuve’. Ce fleuve était le cœur de la communauté ; il était l’artère principale de communication, leur force de vie », se rappelle BURGER. « Aujourd’hui, la ‘lumière’ du fleuve ne veut rien dire pour une culture matérialiste comme la nôtre. » Pourtant, elle voulait tout dire pour cette culture-là. « Il existe une dimension dans la vitalité d’un fleuve dont nous ne tenons pas compte, quand nous construisons un barrage… Lorsqu’ils se plaignaient que le fleuve soit devenu ‘sombre’, ils entendaient par là qu’une partie du paysage était mort et ils en étaient tous meurtris. Nous ne comprendrons pas cela dans notre culture avant deux ou trois cents ans. »

Communauté CreeBURGER commença réellement ses recherches d’une technologie en nouvelle énergie en 1988-89, lorsque la mine d’argent qu’il dirigeait fut menacée de péricliter, comme suite à des bouleversements dans le climat des affaires. Il possédait pour 3 millions $ en actions dans l’Arctic Circle Operation qui en valait 8, lorsque le gouvernement fédéral canadien changea la législation fiscale. Le projet accusa une fuite de capitaux et BURGER fut à bout de ressources. Comment allait-il pouvoir réduire radicalement ses frais pour sauver la situation ? C’est en regardant ses réservoirs de plusieurs centaines de tonnes de fuel diesel, qu’il prit conscience que pour alimenter ses générateurs, il avait dû payer 4,25 $ par gallon pour le transporter en avion jusqu’au Great Bear Lake, un endroit très isolé. Ceci représentait plus de 4 millions $ par an, rien que pour l’éclairage et le pompage de l’eau nécessaire à faire tourner la meule.

Quelque chose attira l’attention de Burger : le mouvement de l’eau qui coulait à environ sept nœuds près de la station de pompage. Il savait que c’était là qu’il lui fallait trouver la réponse : « Je savais qu’il devait exister une possibilité, même si je devais construire une vieille roue à aubes. Si j’avais le moyen de tourner un arbre, je pourrais actionner une boîte de transmission et faire marcher un générateur. » Il demanda conseil autour de lui, et le National Research Council du Canada (NRC) le mit en contact avec Barry DAVIS, un ingénieur et constructeur hors pair. DAVIS avait non seulement dessiné les schémas techniques des avions pour les compagnies aéronautiques Canadair et Bombardier, mais il avait aussi conçu ceux d’un bateau révolutionnaire pour la DeHavilland Aircraft Corporation of Canada. En 1969, il mit un hydrofoil très fin en forme de V sous la coque d’un destroyer de 225 tonnes de la marine canadienne. Grâce à cette aile cornée, le bateau atteignit une vitesse de plus de soixante-cinq nœuds et monta de douze pieds hors de l’eau – il fut donc beaucoup plus rapide qu’un destroyer normal dont la vitesse se situe à vingt nœuds. Bien que le bateau restât à l’état de projet, cette performance donna à Davis l’idée d’accrocher l’aile sur un arbre et de la faire tourner en rond pour générer un couple ou puissance de rotation. Le couple de l’arbre devait entraîner une boîte de transmission qui ferait marcher un générateur pour produire de l’électricité : tout cela sans barrage.

VAHT Top ViewCe qu’il y a de génial dans ce design tout simple, c’est que les lames tournent plus vite que l’eau ne coule par-dessus, quelle que soit sa direction, l’eau coule au-dessus des lames comme l’air passe au-dessus d’une aile d’avion, entraînant une poussée verticale. Un autre point fort de cette turbine est que les poissons peuvent passer tranquillement entre les ailettes arrondies qui tournent suffisamment lentement. BURGER était impressionné. Vers la moitié des années 70, DAVIS créa la compagnie Nova, afin de développer la turbine, parce qu’il ressentait le besoin d’une forme plus douce d’énergie hydraulique. Le NRC fut assez impressionné et donna à la société de DAVIS l’argent nécessaire pour construire et tester trois prototypes entre 1978 et 1988, date à laquelle le gouvernement conservateur qui venait d’être élu, réduisit le budget du NRC. En 1989, DAVIS se joignit à BURGER, dont les activités minières avaient cessé ; et la compagnie fut recréée sous un nouveau nom : Nova Energy.

L’énergie hydraulique a toujours été une source d’énergie qui nécessite beaucoup d’ingénierie, et a généralement entraîné des perturbations écologiques très étendues. Les barrages sur les fleuves créent des lacs qui couvrent des milliers de mètres carrés, et conduisent souvent à des problèmes inattendus, comme l’érosion ou la disparition de la faune et de la flore. La population humaine locale est aussi très touchée. Dans les régions tropicales, il peut y avoir de sérieux problèmes de santé. Parfois, le courant produit par le barrage est vendu bon marché à de gros consommateurs industriels, sans aucun – ou si peu de – bénéfice pour les personnes qui vivent à proximité du barrage. Dans d’autres cas, le courant est vendu si bon marché aux consommateurs locaux, que l’offre n’arrive plus à satisfaire la demande, ce qui conduit à des nouvelles constructions de centrales électriques.

Avec la turbine-Davis, des méga-projets nuisibles à l’environnement comme les barrages deviendraient superflus. Cette turbine promet de pouvoir alimenter un trois pièces grâce à un générateur sans combustible, assez petit pour tenir sur le plateau d’une camionnette. Et selon Burger, les turbines écologiques pourraient même remplacer les centrales nucléaires sur la côte Est, si on en relie plusieurs entre elles pour créer une centrale électrique au rendement de méga-watts dans les courants du Gulf Stream. BURGER explique que nous aurions déjà pu avoir ce genre de générateur d’énergie écologique il y a quatre-vingt-dix ans, lorsqu’un tel appareil fut inventé pour la première fois. Mais au début du vingtième siècle, la décision fut prise de donner la préférence aux énormes barrages qui sont aujourd’hui habituels, qui retiennent l’eau derrière de hauts murs et la font passer dans des turbines an aval. Nova dit que les Davis-Hydro-Turbines pourraient être immergées pour fonctionner partout où l’eau se déplace entre deux et douze nœuds. Les turbines Davis tiennent seulement compte de la vitesse de l’eau, et non de sa dénivellation, par contraste avec des constructions comme le barrage dans la Baie de Fundy au Sud-Est du Canada. Cette technique complètement dépassée, tour à tour retient l’eau derrière un barrage bas, puis la libère ; mais son mur bloque le courant naturel de la vase et détruit les écosystèmes.

Turbine DAVISNova sera-t-elle jamais en mesure de se faire une place sur le marché canadien ? Le Canada est non seulement le bastion de l’énergie hydraulique traditionnelle, mais en plus, le pays investit dans l’énergie des combustibles fossiles et nucléaires, et les bureaucrates font tourner en bourrique les inventeurs d’autres sources énergétiques. Stephen HUME, chroniqueur dans un journal, écrit : « ici, la Recherche et le Développement se concentrent sur les productions d’énergie conventionnelles, et non sur les technologies énergétiques du futur qui sont en plein essor. » Peut-être que B.C. Hydro – que Martin BURGER dans sa frustration appelle parfois « Hydrosaurus Rex » – voyant qu’elle ne peut pas battre les révolutionnaires de l’énergie, décidera-t-elle finalement de coopérer avec eux. Après tout, quelques visionnaires en nouvelles énergies sont prêts à divulguer leurs connaissances non brevetées sur l’Internet, afin de détourner la marée technologique des méga-projets destructeurs. BURGER et DAVIS ont décidé, par exemple, de présenter une version de la turbine Davis à échelle réduite sur l’Internet afin d’aider la planète. Qu’est-ce qui a poussé ces hommes à prendre une décision aussi altruiste ? Pour BURGER, le but est de mettre des technologies énergétiques propres et bon marché à disposition des personnes qui se battent pour survivre.

Les turbines écologiques conviennent très bien au développement des pays qui ne disposent pas d’argent pour des méga-projets. Quelques pays comme le Népal et la Chine se sont déjà engagés dans un programme de centrales hydroélectriques de petite échelle. De telles unités, dispersées à travers la campagne, rendent la vie des habitants ruraux plus facile, en faisant pour eux des corvées comme le battage des céréales ou le pompage de l’eau, et en fournissant l’électricité à de petits commerces qui se développent souvent à proximité des centrales. Ceci, à son tour, prévient la migration de la population dans les villes surpeuplées. BURGER dit que les turbines Davis sont un bon choix pour le développement des pays, parce qu’on peut relier un grand nombre d’unités entre elles pour en faire une grande centrale, et ainsi produire de l’énergie pour une région plus vaste. Toutefois, un pays aurait la possibilité d’échelonner l’achat des turbines dont il a besoin. Il pourrait commencer avec autant de turbines qu’il serait en mesure de se payer, et acheter les autres par la suite, une à une. S’il arrive à vendre de gros contrats, BURGER se dit prêt à offrir de petites unités à des villages.

Tous ces passages, résumés et citations sont issus d’ Énergie libre et technologies disponible sur Amazon.fr. J’en ai simplement filtré et rassemblé l’essence – Emmanuel FESSELIER

Retourner à la liste des inventeurs

Envoi
User Review
5 (1 vote)

Comments are Closed