Discutions avec les planètes – Nikola TESLA – 9 Février 1901

“Pour développer d’avantage mes inventions, je suis allé au Colorado où je continuais mes investigations à ce sujet parmi d’autres, dont l’un en particulier que je considère maintenant encore plus important que la transmission d’énergie sans fil.”

Ceci est un extrait du document présenté ci-dessous…

L’idée de communiquer avec les habitants d’autres mondes est une idée ancienne. Mais pendant des siècles il a été considéré simplement comme un rêve de poète, jamais réalisable. Avec l’invention et la perfection du télescope qui a permis la connaissance sans cesse grandissant des cieux, son emprise sur notre imagination a été augmentée, et les réalisations scientifiques au cours de la dernière partie du XIXe siècle, avec le développement de la tendance à la nature idéale de Goethe, se sont intensifiées à un degré tel qu’elle semble destinée à devenir l’idée dominante du siècle qui vient de commencer. Le désir de connaître quelque chose de nos voisins dans les immenses profondeurs de l’espace ne provient pas de curiosité, ni de la soif de la connaissance, mais d’une cause plus profonde, et c’est un sentiment bien ancré dans le cœur de chaque être humain capable de penser. D’où vient-il ? Qui sait ? Qui peut assigner des limites à la subtilité des influences de la nature ? Peut-être, si nous pouvions clairement percevoir tout le mécanisme complexe de ce spectacle grandiose qui se déroule continuellement devant nous, et pouvions également tracer ce désir à son origine lointaine, nous pourrions le découvrir dans les tristes vibrations de la terre qui ont commencées quand elle s’est séparée de son parent céleste.

Tesla readingMais dans cet âge de raison, il n’est pas étonnant de trouver des personnes qui se moquent de l’idée même de communication avec une autre planète. Tout d’abord, l’argument avancé est qu’il y a seulement une faible probabilité que d’autres planètes puissent être habitées. Cet argument ne m’a jamais séduit. Dans le système solaire, il semble y avoir seulement deux planètes – Vénus et Mars – capables de soutenir la vie comme la nôtre : mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas sur tous les autres d’autres formes de vie possibles. Les procédés chimiques peuvent être maintenus sans oxygène, et il est encore question de savoir si les processus chimiques sont absolument nécessaires pour la subsistance des êtres organisés. Mon idée est que le développement de la vie doit conduire à des formes d’existence qui seront possibles sans la nourriture et qui ne seront pas entravés par les restrictions qui en découlent. Pourquoi un être vivant ne devrait pas être en mesure d’obtenir toute l’énergie dont il a besoin pour l’exercice de ses fonctions vitales dans l’environnement, plutôt que par la consommation de nourriture suivi d’un processus compliqué de combinaisons chimiques pour sa transformation en énergie pour le maintien de la vie ?

S’il y avait ces êtres sur l’une de ces planètes nous ne saurions presque rien à leur sujet. Il n’est pas nécessaire d’aller si loin dans nos hypothèses, car nous pouvons facilement concevoir que, dans la même mesure que l’atmosphère diminue en densité, l’humidité disparaît et la planète se fige, la vie organique pourrait également subir des modifications correspondantes, conduisant finalement à des formes qui, selon nos idées actuelles de la vie, sont impossibles. Je vais facilement admettre, bien sûr, que si il devait y avoir une catastrophe soudaine tous les processus de la vie pourraient être arrêtés ; mais si le changement, même conséquent, est progressif, et occupe les âges, de sorte que les résultats finaux puissent être intelligemment prévu, je ne peux que penser que les êtres de raisonnement trouveront toujours des moyens d’existence. Ils s’adapteront à leur environnement en constante évolution. Donc, je pense tout à fait possible que, dans une planète gelée, comme notre Lune est censé l’être, des êtres intelligents peuvent encore habiter dans son intérieur, sinon sur sa surface.

SIGNALEMENT À 100 000 000 MILES !

Ensuite, il est soutenu qu’il est au-delà de la capacité et de l’ingéniosité humaine de transmettre des signaux à des distances presque inconcevable de cinquante millions ou cent million de miles. Autrefois cela aurait pu être un argument valable. Il ne l’est pas actuellement. La plupart de ceux qui sont enthousiastes sur le sujet de la communication interplanétaire ont reposé leur foi en les ondes de lumière comme étant le meilleur moyen de rendre possible cette communication. Certes, les ondes de lumière, en raison de l’extrême rapidité de leur succession, peuvent pénétrer l’espace plus facilement que les ondes moins rapides, mais une simple considération montre que par leur biais un échange de signaux entre cette terre et ses compagnons dans le système solaire est, au moins pour le moment, impossible. A titre d’illustration, supposons que un mile carré de la surface de la terre – la plus petite zone qui pourrait éventuellement être à la portée de la meilleure vision télescopique d’autres mondes – a été couverte avec des lampes à incandescence, assemblées ensemble étroitement de manière à former, lorsqu’elles sont allumées, un tapis continue de lumière. Il nécessitera pas moins de cent millions de chevaux pour allumer cette étendu, et cela est plusieurs fois la quantité d’énergie motrice actuellement au service de l’homme à travers le monde.

Mais avec les nouveaux moyens, proposées par moi-même, je peux facilement démontrer que, avec des dépenses ne dépassant pas deux mille chevaux, des signaux peuvent être transmis à une planète comme Mars avec autant d’exactitude et de certitude que nous envoyons à présent des messages par fil de New York à Philadelphie. Ces moyens sont le résultat de longues expériences et de l’amélioration progressive.

Il y a une dizaine d’années, j’ai dévoilé le fait que pour transmettre des courants électriques à une distance, il n’était pas du tout nécessaire d’employer un fil de retour, mais que toute quantité d’énergie pourrait être transmis en utilisant un seul fil. J’ai illustré ce principe par de nombreuses expériences, qui, à cette époque, ont excité considérablement l’attention parmi les hommes scientifiques.

Ceci étant pratiquement démontré, ma prochaine étape était d’utiliser la terre elle-même comme moyen conducteur des courants, supprimant ainsi les fils et tout autre conducteur artificiel. Donc, je fus conduit au développement d’un système de transmission d’énergie et de la télégraphie sans l’utilisation de fils, que je décrivais en 1893.

Les difficultés que je rencontrais dans la transmission des courants à travers la terre ont été très grandes au départ. A cette époque, je possédais seulement un appareil ordinaire, ce qui m’a semblé être inefficace, et j’ai concentré mon attention immédiatement sur la perfection des machines à cette destination particulière.

Ce travail a consommé un certain nombre d’années, mais j’ai enfin vaincu toutes les difficultés et a réussi à produire une machine qui, pour expliquer son fonctionnement dans un langage simple, ressemblait à une pompe dans son action, puisant l’électricité de la terre et la reconduisant de nouveau en elle même à un taux élevé, créant ainsi des ondulations ou des perturbations qui, répandant à travers la terre tel que par un fil, ont pu être détectés à de grandes distances par des circuits de réception finement ajustés. De cette manière, je pouvais transmettre à distance, non seulement des effets faibles pour les fins de signalisation, mais des quantités considérables d’énergie, et mes découvertes ultérieures m’ont convaincu que je vais finalement réussir à transmettre l’énergie sans fil, à des fins industrielles, avec une grande économie, et à toutes distances.

EXPÉRIENCES EN COLORADO

Pour développer d’avantage mes inventions, je suis allé au Colorado où je continuais mes investigations à ce sujet parmi d’autres, dont l’un en particulier que je considère maintenant encore plus important que la transmission d’énergie sans fil.

J’ai construit un laboratoire proche de Pike’s Peak. L’air pur des montagnes du Colorado a permis les conditions qui se sont avérés extrêmement favorable pour mes expériences, et les résultats ont été gratifiant pour moi. J’ai trouvé que je pouvais non seulement accomplir plus de travail, physiquement et mentalement, qu’à New York, mais que les effets électriques et les changements ont été plus facilement et distinctement perceptible. Il y a quelques années il était pratiquement impossible de produire des étincelles électriques vingt ou trente pieds de long ; mais j’en produisais de plus d’une centaine de pieds de longueur, et ce sans difficulté.

Les taux de mouvement électrique impliqués dans des appareils de forte induction avaient mesuré seulement quelques centaines de chevaux, et j’ai produit des mouvements électriques d’un taux de 110 000 chevaux. Avant cela, des pressions électriques insignifiantes ont été obtenus, tandis que je suis arrivé à cinquante millions de volts.

Les photos ci-après avec leurs titres descriptifs, prises pour un article que j’ai écrit pour le « Century Magazine », donnent une idée des résultats que j’ai pu obtenir dans les directions indiquées. De nombreuses personnes dans ma profession les ont vu, et ont demandé ce que je suis en train de faire. Mais le temps n’est pas loin maintenant, quand les résultats concrets de mes travaux seront placés devant le monde et leur influence se fera sentir de partout. Une des conséquences immédiates sera la transmission de messages sans fil, sur terre ou sur mer, à une distance immense. Je l’ai déjà démontré, par des essais cruciaux, la praticabilité de la signalisation par mon système de l’un à un autre point du globe, peu importe la distance, et bientôt je convertirai les mécréants.

J’ai toutes les raisons de me féliciter car, tout au long de ces expériences dont beaucoup étaient extrêmement délicates et dangereuses, ni moi ni aucun de mes assistants n’a été blessé. Lorsque vous travaillez avec ces oscillations électriques puissantes, des phénomènes les plus extraordinaires ont parfois lieu. Grâce aux interférences des oscillations, de véritables boules de feu sont susceptibles de jaillir à une grande distance, et si quelqu’un était dans ou à proximité de leurs chemins, il serait détruit instantanément. Une machine telle que j’utilisai pourrait facilement tuer, en un instant, trois cent mille personnes. Je remarquai que la pression sur mes assistants se faisait ressentir, et certains d’entre eux n’ont pas pu supporter la tension extrême des nerfs. Mais ces périls sont maintenant entièrement surmontés, et le fonctionnement d’un tel appareil, si puissant, ne comporte aucun risque que ce soit.

Tandis que j’améliorais mes machines pour la production de mesures électriques intenses, je perfectionnais aussi les moyens d’observer des effets faibles. Un des résultats les plus intéressants, et aussi d’une grande importance pratique, a été le développement de certains instruments pour indiquer à une distance de plusieurs centaines de miles l’approche d’une tempête, sa direction, la vitesse et la distance parcourue. Ces appareils sont susceptibles d’être utiles pour l’avenir des observations météorologiques et la topographie, et se prêteront particulièrement aux utilisations navales.

Pendant ce travail, pour la première fois, je découvrais ces effets mystérieux qui ont suscité un tel intérêt inhabituel. J’avais mis au point l’appareil dont on parle jusqu’ici qui me permet de sentir à partir de mon laboratoire dans les montagnes du Colorado, le pouls de la planète, pour ainsi dire, en notant chaque changement électrique qui a eu lieu dans un rayon de 1100 miles.

TERRIFIÉ PAR LE SUCCÈS

Je ne pourrai jamais oublier les premières sensations que je vécus quand je me rendis compte d’avoir peut-être observé quelque chose avec des conséquences incalculables pour l’humanité.

Je sentais comme si j’assistai à la naissance d’une nouvelle connaissance ou à la révélation d’une grande vérité. Même maintenant, à certains moments, je peux me rappeler clairement de l’incident et voir mon appareil comme si elle était réellement devant moi. Mes premières observations me terrifiaient absolument, car il y avait quelque chose de mystérieux, pour ne pas dire surnaturel, et je fus seul dans mon laboratoire la nuit ; mais à ce moment l’idée de ces perturbations en tant que signaux contrôlés intelligemment ne se présentait pas encore à moi.

Les changements que je notais se déroulaient périodiquement, et avec une telle clarté de nombre et d’ordre qu’ils n’étaient pas attribuables à une cause à ma connaissance. Je connaissais, bien sûr, les perturbations électriques qui sont produites par le soleil, Aurore Boréales et les courants de terre, et je suis aussi sûr que je pourrais l’être que ces variations n’étaient dues à aucune de ces causes.

La nature de mes expériences excluait la possibilité des changements en cours de production par des perturbations atmosphériques, comme cela a été affirmé par certains. Il ne fut qu’après quelques temps, que la pensée apparaît dans mon esprit que ces perturbations que j’ai observées pourraient être dus à un contrôle intelligent.

Bien que je ne pouvais pas déchiffrer leur sens, il était impossible pour moi de penser à elles comme ayant été entièrement accidentelles. Mon sentiment grandissant fut que j’avais été le premier à entendre le message d’accueil d’une planète à l’autre.

Un but était derrière ces signaux électriques ; et ce fut avec cette conviction que je l’ai annoncé à la Croix-Rouge, quand ils m’ont demandé d’indiquer l’une des grandes réalisations possibles des cent prochaines années, que ce serait probablement la confirmation et l’interprétation de ce défi planétaire pour nous.

Depuis mon retour à New York, du travail plus urgent a consommé toute mon attention ; mais je n’ai jamais cessé de penser à ces expériences et observations faites dans le Colorado. Je m’efforce constamment d’améliorer et de perfectionner mon appareil, et dès que possible, je reprendrai à nouveau le fil de mes enquêtes là où j’ai été forcé de le déposer pour un temps.

COMMUNICATION AVEC LES MARTIENS

Au stade actuel des progrès, il n’y aurait pas d’obstacle insurmontable dans la construction d’une machine capable de transmettre un message à destination de Mars, ni de grandes difficultés dans l’enregistrement de signaux qui nous seraient transmis par les habitants de cette planète, s’ils étaient électriciens qualifiés.

Une fois la communication, même la plus basique, établie, comme par un simple échange de numéros, les progrès vers la communication plus intelligible serait rapide. La certitude absolue quant à la réception et l’échange de messages serait atteinte dès que nous pourrions répondre par le nombre « quatre », disons, en réponse au signal « un, deux, trois. » Les Martiens, ou les habitants de quelconque planète nous ayant donné signe, comprendrais de suite que nous aurions pris leur message à travers l’immensité de l’espace et aurions renvoyé une réponse. Transmettre une connaissance de forme par de tels moyens, bien que très difficile, n’est pas impossible, et j’ai déjà trouvé un moyen de le faire.

Quel énorme retentissement cela aurait-il dans le monde ! Dans combien de temps viendra-t-il ? Car, le fait qu’il sera accompli un jour ou l’autre, doit être clair pour tout être réfléchie.

Une chose est sûre, au moins, la science a progressée. Mais j’espère qu’il sera également démontré bientôt que dans mes expériences dans l’Ouest, je n’ai pas seulement eu une vision, mais j’ai aperçu une grande et profonde vérité.

 

Collier’s Weekly, 9 février 1901, pages 4-5

Source : teslacollection.com

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